THÉATRES La réouverture du Théâtre-Libre M. Antoine nous a donné hier soir, pour la réouverture du Théâtre-Libre, une pièce de M. Bjoernstierne-Bjoernson, un compatriote et un rival d'Ibsen. Le titre de cette pièce, la Faillite, dit tout le sujet de l'ouvrage, car il ne s'agit pas ici d'un théâtre où le symbolisme se mêle à la peinture exacte du réel, comme dans Ibsen. Le talent de M. Bjoernson ne s'aventure pas dans les profondeurs. Il décrit la vie sans trop se préoccuper de thèse ni de philosophie. La Faillite donc (la traduction est de MM. Schürmann et Jacques Lemaire) nous montre un commerçant, fort riche en apparence, qui tente un dernier effort pour se sauver. Il reçoit avec ostentation un capitaliste dont l'aide lui sera précieuse ; mais un fondé de pouvoir des banques de la région arrête ce manège et amène le commerçant à signer sa déclaration d'insolvabilité. L'acte où ces deux hommes luttent l'un contre l'autre est un très bon morceau de théâtre. M. Antoine l'a mis en scène et joué de façon supérieure. Son partenaire, M. Gémier, s'est montré digne de lui donner la réplique : on ne peut pas dire plus. Il faut noter encore l'adresse scénique avec laquelle est présenté le second acte qui nous offre la tableau d'une sortie de diner ; avec une douzaine de débutants obscurs, M. Antoine a réalisé un tableau fort pittoresque. La pièce finit comme nos comédies traditionnelles de France. Nous entrevoyons un mariage qui fera peut-être revenir le bonheur et plus tard la fortune dans la maison du commerçant failli. Après la Faillite, nous avons eu Le Poète et Le Financier, un acte en vers de M. Maurice Vaucaire, badinage agréablement rimé et joué légèrement comme il convenait, par M. Gemier, Mlle Theven et M. Antoine : celui-ci, sous l'habit d'un laquais, avait un vers à prononcer. (...) SPECTACLES DU JEUDI 9 NOVEMBRE (...) Men.-Plaisirs. — Soirée réservée au Théâtre-Libre. (...)